Sur les trottoirs brûlants de Papeete,
Sapins de pétrole, vert écossais ou blanc lapon,
Merry Christmas à suspendre,
Pères Noël aux yeux bleus made in China.
Au village de Hakahau,
Porcelet de la Nativité, 800 francs Pacifique le kilo.
Bûches de Noël, parfum vanille, commandez avant le 23,
Macarons citron ou orange, passez commande chez Momona,
Un homme aux cheveux blancs attachés en chignon passe au papier de
verre un petit pilon de pierre. Il le vendra cinq mille francs. Lui
ne distingue pas l’artiste de l’artisan. Il me présente le
lézard à tête humaine qu’il grave à la meuleuse à disque dans
une pierre géante. Il remet ses lunettes et son casque antibruit,
tout doit être terminé dans trois semaines pour la grande fête
païenne.
Ai-je bien compris ? Nous sommes début décembre, et j’ai
bien compris.
La Nativité, très peu pour lui. Près de l’homme au chignon,
Kaiha se bat contre les vagues pour déposer sur la roche un tiki
de bois. Les vagues manquent plusieurs fois de le renverser, il
semble aimer ça. Les éléments n’effraient pas Kaiha. Il ne
sculpte pas, il laisse la nature dicter à ses mains les contours de
ses créations. Il est habité par les esprits, eux-ci s’expriment
dans chacune de ses œuvres. En marge des cérémonies chrétiennes
de son village, Kaiha organise une grande célébration païenne.
Combats d’échasses,
Courses de pirogues,
Tatouages traditionnels,
Tir à l’arc, lancé de harpon,
Danses de l’Oiseau en costume végétal,
Buffet de fruits de mer, de langouste, de chèvre au lait de coco…
Au village de Hakahau,
La
messe de minuit commencera à dix-neuf heures, en présence de
l’archévêque.
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