25 décembre 2013

Le Secret du temps

Entends-tu les âmes vibrer?
Pour ce Dieu venu sur terre
Ressens-tu ces cœurs briller?
Par leurs sourires de lumière

Entends-tu les âmes chanter
Dans les silences de l'hiver ?
Ressens-tu ces cœurs prier
Pour la venue du nouveau mystère?

L'onde de son premier cri
A caressé la terre entière
Un instant tout a resplendi
Et il n'y eu plus de misère

Aube d'une attention première
Caresse de l'âme en printemps
Chant du vivant en prière
C'est le don secret du temps

Goutte de rosée déposée
Aux portes du matin
Brillent les rayons irisés
Scintille le ciel dans ses mains

24 décembre 2013

Deux voix pour une voie


Et maintenant… 
Que vais-je faire ? 
Le moment est là de choisir !


À gauche
pour échapper aux familles, 
aux enfants trop sages,
Absorbés 
par trop de cadeaux tout déballés…


À gauche
Transi de camomille
Pour fêter le passage
Perturbés
Par une lumière trop emballée
Ou à droite
encore une fois, je pourrais rassembler
 tous les enfants perdus,
Paumés, solitaires, étrangers, sans paroles, 
et alors la pièce est trop petite !
Il faut dix Marthe pour préparer 
et servir tous les affamés, sans compter…

à droite
encore une foi, à remeubler
d'une enfance perdue
Recherche embrumée par trop de paroles
et de notes sur des post-it
Il faut, dit Marie, pour réparer
orner de prières notre volonté

Et maintenant
Un seuil m'est ouvert
Vers une crèche qui me désire

Où?


droit devant !
Juste là, tu vois ?
Il est caché là, 
derrière les bêtes,
Sous le nuage de vapeur qui monte 
des corps chauds des gros animaux !
Ils ouvrent leurs yeux 
tout grands 
pour adorer 
en silence …

Ou alors

droit dedans
Juste au-delà du froid
Le prochain pas
avant la fête
 Saouls des saveurs qui racontent
une vie épicée, promesse d'un vin chaud
On se découvre un Dieu
tout enfant
pour éveiller
nos somnolences

Moi, 
je me cache 
du côté de l’agnelet,
Et j’adore aussi… 

Lui
il détache
les perles d'un chapelet
Et enrichit la vie 

Bientôt les versets
naissants
tout bas
les anges attendent
Leurs lyres donnent le la, à ce chant-ci, ce chant qui noue
la minuit et le retour
En plein jour

Mon cœur sait, 
sent, 
bat 
si fort que tous l’entendent :
Dieu est là ! Le Seigneur ici ! Emmanuel avec nous !
Prince de la Vie et de l’Amour, 
pour toujours
 
Amen ! Alléluia !



(co-écrit avec Violette)

23 décembre 2013

Retour aux origines


Retour aux origines
Naître en pénombre
Dans le froid anonyme

Saveur d’épices,
Chaos revisité

Vertige d’un voyage
Au cœur de la nuit

Retour aux origines
Un humain va s’y rendre
Pour le mystère
D'une rencontre

Saveur forestière
Retrouvailles
Parfum messianique

Origine arabesque
Antre flamboyante
Évanescente
Nuit de la faim
Naître enfin

Mélancolie étoilée
Sans craindre la nuit
Sans craindre la mort
Accueil du premier souffle

Silence

22 décembre 2013

La Madonne du potager (La Madonna dell'Orto)

Avertissement
Le poème ci-dessous risque d'être un peu plus long que les précédents. Inspiré d'un récit vénitien et rédigé avec une âme de troubadour, il essaie humblement de retransmettre tout l'humour, toute la poésie et toute la saveur de cette chronique italienne. Je demanderais donc au lecteur de prendre tout son temps (et aussi un peu son coeur) avant de se perdre dans une telle ballade.

 

La Madonne du potager
(La Madonna dell'Orto)

C'était une petite église
Dans la sainte ville de Venise
Qui recherchait 
un monument de pierre
Une madonne 
Pour exaucer les prières

Un visage couronné d'étoiles
Une vierge de l'Apocalypse
Une reine dans ses grands voiles
Et un ciel saturé d'éclipses

C'était un prêtre qui recherchait
Une dame
Una Signora
Ou plutôt l'artiste capable de sculpter
Ce beau corps d'esprit et de flammes
Ce grand marbre de sa volonté

Un visage couronné d'étoiles
Une vierge de l'Apocalypse
Une reine dans ses grands voiles
Et un ciel saturé d'éclipses

Le prêtre fit alors appel
À un artisan de l'humble peuple
Mais artiste
Réputé pour son talent
- Ò immortalise, dans la pierre éternelle,
Crée-moi une femme et son enfant ! -

Un visage couronné d'étoiles
Une vierge de l'Apocalypse
Une reine dans ses grands voiles
Et un ciel saturé d'éclipses

L'artisan se mit alors au travail
De toute son âme, de tous ses jours
Et toutes ses nuits y passèrent aussi
Ainsi le marbre se transforme en amour
Ainsi le marbre se transforme en Marie

Un visage couronné d'étoiles
Une vierge de l'Apocalypse
Une reine dans ses grands voiles
Et un ciel saturé d'éclipses

Lorsque le prêtre vit le résultat
- jugez vous-mêmes de l'expression ! -
Sa figure se décomposa
En teints colères et confusions

- Mais qu'as-tu fais de mes étoiles
De mon visage de l'Apocalypse
De ma reine dans ses grands voiles 
De mon ciel et de mes éclipses ? -

- Je ne t'avais pas demandé une paysanne
Bien portante et les mains usées par le travail;
Je ne t'avais pas demandé une mère en guenilles;
Emporte-la ! Je t'avais demandé Marie. -

- Mais qu'as-tu fais de mes étoiles
De mon visage de l'Apocalypse
De ma reine dans ses grands voiles 
De mon ciel et de mes éclipses ? -

Le pauvre artiste balbutia alors
Qu'il s'était inspiré de la paix d'autrefois
De son petit frère, frissonant dans le froid,
Et de sa mère, le fortifiant par ses bras

Une maman
 Douce et aimante
Un coeur gros pour te protéger
Une poitrine forte et accueillante
La Madonne du potager

Abandonné méchamment à lui-même
Et ne sachant que faire de son oeuvre
L'artisan décida d'entreposer
La statue
Dans les patates et dans le choux-fleurs

Une maman
 Douce et aimante
Un coeur gros pour te protéger
Une poitrine forte et accueillante
La Madonne dans le potager

Et tant de saisons passèrent ainsi
Avec la vierge dans les radis
Sa présence était un mystère
Parmi les légumes et les gros fruits

Une maman
 Douce et aimante
Un coeur gros pour te protéger
Une poitrine forte et accueillante
La Madonne dans le potager

Un soir pourtant
soir de marées et d'intempéries
Une femme du peuple vint la voir
Une femme du peuple vint trouver Marie

Une maman
 Douce et aimante
Un coeur gros pour te protéger
Une poitrine forte et accueillante
La Madonne dans le potager

Cette pauvre mère avait dans les bras
Un petit paquet
Presque mort de froid
Un bébé
Et pour lui elle venait supplier

- Ô Maman
Mère douce et aimante
Je confie
À ta poitrine forte et accueillante
Mon seul trésor
Protège-le
Des fièvres qui le tourmentent ! -

...

Et l'enfant fut guéri !
Dans le froid, dans les intempéries
Et le petit fut béni
Entre pommes et poires
Sur le grand sein de Marie

Une maman
 Douce et aimante
Un coeur gros pour te protéger
Une poitrine forte et accueillante
La Madonne dans le potager

À partir de cet orage fatal
Tant de femmes descendirent au jardin
Un petit blotti contre soi
Ou de grands cierges dans les mains;
Les salades sont illuminées
De tendresses ou de nouveaux refrains

Une maman
 Douce et aimante
Un coeur gros pour te protéger
Une poitrine forte et accueillante
La Madonne dans le potager

Le comble de cette histoire
Et que les croyants désertaient la messe
Pour aller prier dans les cerises

Le prêtre désespéré
Dut alors redonner à Marie
La place qui lui était promise
L'Eglise...

Une maman
Douce et aimante
Un toit solide pour te protéger
Une poitrine, une maison accueillante
La Sainte Eglise et le potager

 
                                      La Madonna dell'Orto
                                                    sculptée par Giovanni de Santi
                                                        (Chiesa della Madonna dell'Orto, 
               Venezia)