13 décembre 2011

Jardin intérieur

Jardin intérieur

Parmi les champignons de béton,
À l’ombre des pommiers de bitume,
Parmi les chantiers en bouton,
À l’ombre des ronciers de brume,
L’homme seul lâche prise.
Il envoie tout promener,
Le ciment, les fleurs grises
Et le fourmillement de scarabés.
Il envoie tout promener
Et se laisse tomber assis
À la racine d’une église,
Sur la première marche de l’escalier.

Là, l’homme seul s’isole d’avantage.
Il quitte le jardin des cités
Pour se plonger dans les feuillages
De son propre corps, de ses propres pensers.

À l’intérieur de soi, quel paysage désolé !
Cela fait longtemps que rien n’a été
Entretenu, moissonnné,
Elagué,
Et les troncs noirs se sont élancés
Pour former des saules égarés
Aux branches lourdes d’avoir trop pleuré.

Pas de fleurs ! Les lys ont crevé
Et sont retournés
À l’ennui dont ils ont été tirés.
Seule une misérable ancolie
Pointe ça et là
Comme une pitoyable goutte de pluie
Et les roses d’autrefois
Suitent comme des blessures flétries
Qui ne guérissent pas.
Il y a des nuages, pas de soleil.
Lui non plus n’a pas réussi à pousser
Car il lui manquait dès son réveil
Les soins du céleste Jardinier.

Perdu, tourmenté dans sa propre misère,
L’homme seul se recueille et prie ;
C’est la seule chose qui lui reste à faire.
Il remet, entre les mains d’il ne sait qui,
Sa terre en friche et ses ancolies,
Ses douleurs, ses saules et son ciel appesanti.

Puis, comme si ses mots avaient été accueillis,
Une présence soudain passe et lui sourit.

L’homme n’est plus seul dans sa lassitude.
Une main s’offre et disperse la solitude.
C’est l’achèvement de l’irrépressible finitude.

L’homme accepte et se relève.
Il accpete; son corps est de sève.
Il accepte ; son cœur sec boit l’eau de ses pleurs.
Il accepte la main qui se tend ; il la prend.
Il accepte ; c’est un nouveau commencement.

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