Noël en étoile

Une herbe couverte de givre frémit;
Dans la paille, couine une petite souris;
Dans ses langes, sourit le tout petit;
Un soleil se lève: nouveau souffle de vie

Une étoile a brillé dans la nuit

Au matin c'est son regard qui scintille

Cette étoile qui ne me nuit
ni me détruit
Au cœur de mes reins
m'investit
de miséricorde
infinie

Une étoile a brillé dans la nuit

Au matin c'est son regard qui scintille

lueur à peine se fixe
- mais quelle étoile? -
d'ici le regard la perd

à le recherche de -
ne sachant ce qui dessous pourrait -

frénétiquement terre grattée de l'ongle
tunnel se creusant mot à mot
entre mottes cailloux et pierres
la lumière parvenant
éradiquant toute noirceur
enfin se fixe

l’œil de l'autre, dessous la terre
de l'autre côté du tunnel
me regarde

Une étoile a brillé dans la nuit

Au matin c'est son regard qui scintille

Sentinelle immanente
Insaisissable migrante
Je fais mémoire de l'eau du ciel
au fond de mes entrailles

Une étoile a brillé dans la nuit

Au matin c'est son regard qui scintille

Le ciel et la terre
se sont donnés rendez-vous
A travers la naissance
d'un petit boutchou

Dès lors
il nous appartient
de bercer Dieu
entre nos mains

Une étoile a brillé dans la nuit

Au matin c'est son regard qui scintille

Noël à la raclette

Découper dans le grand livre de la vie
Le rouleau d'éternité
Une meule d'histoire

À la croûte stellaire

Abandon divin

Appel des hauteurs
Quête de chaleur

Fondre le tenace
Fondre l'austère
Fondre l'éternel

 Maintenir blotti
Contre le feu
Embrasser l'incendie
Embraser l'acédie

Consentir à l'abandon
Et couler
Ruisseler 
Loin de l'extinction

Imminence de l'accueil
Le tranchant souverain
Libère la masse
Des exils
Loin du rien

Le cœur y est

Le rideau s'ouvre

Douze coups, puis trois... sporadiques

Le spectacle débute... classique

Deux violons dans un approximatif unisson

Massacrent une chanson de Noël

Les enfant font ce qu'ils peuvent

... Mais le cœur y est tellement

Les parents applaudissent

Trois rappels pour Noël

Histoire inepte, jeu catastrophique

Narration inexistante, le néant

Dehors deux bucherons abattent un sapin

Pour qu'il orne une fontaine

... Mais le cœur y est tellement

Ici, les essieux fauchent les passants

là, les balles frôlent les enfants

là, encore, les bombes creusent des sillons de sang

La famine, la misère, la guerre, la mort

Une vague pensée

Une fleur

Un petit tour sur la Chaîne du Bonheur

Un soupire, une tête baissée

... Mais le cœur y est tellement

Marie

Ton ventre bien rond comme une promesse
Pleine de vie tissée de tendresse
Marie tu attends tout doucement
En prière la grâce de l’enfant

Elle est ailleurs. 
Dans un pays où même la nature lui semble artificielle. 
Quelques palmiers trop bien taillés. 
Aucun chien, chat ou insecte pour s’y attarder. 
Elle est perdue. 
Elle se risque à demander son chemin à l’homme qui passe. 
Elle s’attend à son indifférence, sa froideur. 
Elle ne ressemble pas aux femmes d’ici. 
L’homme lui sourit, la guide, l’escorte. 
Ils se quittent d’un joyeux signe de la main. 
Elle est chez elle, 
partout où demeure la possibilité d’un échange. 
Dans le palmier, un jais approuve et prend son multicolore envol.

pour lui étouffé dans des habits noirs
pour elle affalée faible sur sa canne
pour lui, un autre, le même pourtant, mêmement étouffé mais par l'asthme
pour celle-ci pour celle-là toutes deux enlisées les pieds dans la boue
pour eux boitant bas respirant mal
enfoncés dans des chaussures collées au sol
pour eux immobilisés sur un banc froid face au lac
pour lui dissimulé derrière la vapeur de ses mots que personne n'écoute
pour eux tous pas de soirée de Noël
ni la dinde
ni les paquets de couleur
ni la cheminée ni la chaleur à
partager 
seul
ce paysage gris où le lac où les montagnes ont disparu

Noël

Noël

Les pieds sous le poële

Le nez qui goutte

Goutte de thé

Sauge citron miel

Noël

Les pieds sous le poële

Trois écharpes au cou

Coup du sort aux sinus

Fièvre toux chancèle

Noël

Les pieds sous le poële

Enfouie sous les couvertures

Couvertures de neige

Vent flocon gel

Noël

Les pieds sous le poële

Les microbes de saison

Saison des fêtes

Doux Jésus ! Ciel !

Noël

Les pieds sous le poële

Les mouchoirs à la poubelle

Poubelle de ma mauvaise humeur

Rogne fêlure fiel

Noël

Les pieds sous le poële

Il est temps que la famille vienne

Viennent les anges

Atchoum ! Trompettes étincelles

Noël

Les pieds sous le poële

Chauffant à merveille

Merveille d'une naissance nouvelle

Orgue flûte violoncelle

Noël

Les pieds sous le poële

Un chant dans le coeur

Le coeur effervescent

Sucre orange canelle

Noël...

Accueillir

Accueillir

Laisser à la parole

Le libre accès

Accueillir

Offrir l’espace

Pour que la parole

La parole autre

S’insinue

S’infiltre

S’installe

Au cœur du cœur

Accueillir

Recevoir en soi

Ce qui n’est pas soi

Et lui donner

De se déployer

Accueillir

  Être émerveillé

Par celui qui vient

Et qui chamboule

L’ordre et la vie

Comme l’enfant à naître

Transforme en parents

En responsables d’une vie

Une femme

Un homme

Il se prépare à naître

"Réjouis-toi !

Le Seigneur Dieu t'a montré son amour

d'une manière particulière.

Il est avec toi."

- Luc 1, v.28

Peut-être
Dieu s'ennuyait-Il

seul

au jardin d'Eden

Ou alors
s'est-Il souvenu

de cette promesse

étoilée de bénédictions

faite à ce vieil homme

dans le désert

A son tour
Il est sorti

Il est parti
Il s'est mis en marche

avec pour seul bagage

sa foi en l'humanité

qu'Il a lui-même créé

avec un profond désir
de retrouvaille
de réconciliation

avec l'envie

de tisser
un lien nouveau

au sein même
du quotidien

au coeur même

de la vie

Sur le sable des jours

sur la neige de l'instant

il ne reste que la trace

de son passage

Désormais

Il se prépare

à naître

pour que l'espace
entre Lui et l'humain

ne se mesure plus
en distance

mais en proximité

Dans l'attente

Dans l’antichambre de nos cœurs
Nous attendons la naissance
D’une vie nouvelle d’abondance
Délivrée de toutes nos peurs

Boulverser les possibles

Il y a le gouffre, et il y a l’audace,

Ténue,

Comme le rayon de Lune qui perce la brume glacée,

Comme la voix du cœur, lorsque tout est pensée ;

Fragile,

Comme la quiétude des instants où le corps se délasse,

Comme l’impression que l’on a parfois que le monde tient en place.

Il y a l’audace, ténue, fragile,

Éclat d’humanité qui bouleverse les possibles.

J’ai besoin d’une crèche

La nuit

Noire

Je regarde autour

Je vois sans voir

Des silhouettes rôdantes

Sapins sympas ?

Une forêt présente

Je sens leurs pas

Je regarde la nuit

Je me vois embué

Ils s’approchent ils sont là

leurs branches ploient

Je me suis préparé

Des bottes, un collant, une bonne veste, des moufles, une écharpe, un bonnet sur moi

J’avance

Sans bouger

Je m’enfonce

Sans broncher

J’ai quitté l’es tables assassines

Tournédos aux tor-tueux festins

Fui leurs visages Picassoins

Tordus de vitrines mesquines

Des lumières artificielles j’ai refusé la joie

Le ventre vierge sans oie

Avec pour seul berceau la foi

Je suis là

Au milieu d’eux

Je crée des espaces

Je joue avec la nuit

Puis

Un bruit

J’écoute

Je doute

J’ai connu cette lumière autrefois

Elle me voyait heureux

Je n’en vois pas la trace

Pourtant elle est là

Sans elle je ne verrais vraiment pas

J’ai froid

Alors pour m’échapper à moi

Je me prends à rêver du passé du futur

D’un avenir un peu plus sûr

Mais le silence fracas

Me ramène juste là

Je regarde encore car je veux

Comprendre

Trouver le bœuf

L’âne au souffle tendre

Et grâce à eux

Fondre, glisser, me rendre

Je ne vois pas complètement

Je vois et c’est rêche

Elle est où cette fichue crèche ?

Celle où tu sais

on est/naît

Vraiment

Indignation?

Impolitiquement

Correct

Information

En temps

Irréel

Dirigeants

Non digérables

Indigents

Indigestes

Bal des lobbies

Sans étoiles

Crèche,

Où es-tu ?

Hérode rôde

Christ secondaire

Oublié

Des primaires

Etoile

Sans mages

Alep

Istanbul

Berne ?

Trous noirs

Dévoreurs d’étoiles

Indignation ?

                     où la neige quand la neige?

                     pas vue pas dite

                     pourquoi l'appeler ici

                     neige abolie sitôt écrite

                     noire sur blanc

                     ces flocons sombres

                     - amoncellement vain qui la dérobe -

                     l'encombrent

                     douze jours déjà

                     sans elle

                     encore peut-être treize

                     - intenable noirceur

                     ici l'appeler et

                     se taire et

                     et se terrer et disparaître

                     maintenant laisser place

                     à l'impatiente l'invisible blancheur

Vivre comme une étoile

« Dieu fit ainsi les deux principales sources de lumière : la grande, le soleil, pour présider au jour, et la petite, la lune, pour présider à la nuit ; et il ajouta les étoiles. Il les plaça dans le ciel pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière de l'obscurité. Dieu constata que c'était une bonne chose. »


- Genèse 1, 16-18

Ô Dieu,

comme ces étoiles qui scintillent là-haut

apprends-moi à rayonner ici-bas.

Humblement

Discrètement

Sans le moindre mot

Une parmi tant d’autres

en communion

avec mes frères et soeurs

innombrables

Permets-moi, Seigneur,
de contempler le monde

avec un regard où rayonne Ta tendresse 

Que mon sourire

puisse avoir l’éclat de l’étoile filante

pour transmettre espérance

à celles et ceux que je rencontre

Fais de mon coeur un firmament,

un ciel où Ta Présence crépite

et éclaire mes obscurités.

Ô Dieu, 

comme ces étoiles qui scintillent là-haut

apprends-moi à rayonner ici-bas.

Amen

« Il faut vivre comme une étoile qui scintille. »


- Jon Kalman Stefansson

Retour aux sources

Revenir au cœur

S’assoir sur la margelle du puits

Au centre de la fleur

Faire son miel

Laisser reposer la fourmi

Déployer nos ailes

Retrouver la Joie-cigale

Au murmure apaisant

Entre l’écorce et le bois

Sentir monter la sève

Accueillir dans l’arbre vert

La lumière du levant

Le Vivant vient

Le Vivant vient

Au corps d’une femme

Ventre rond

Peau tendue

Terre nouvelle

Le Vivant vient

Des eaux premières

Comme autrefois

Aux origines

Le monde à naître

Le Vivant vient

Faisant à son tour

Le parcours

De tout vivant

Humblement

Le Vivant vient

Visage d’enfant

Aux pleines rondeurs

Et déjà il attend

Et déjà il espère

Les mains qui le tiendront

Les bras en berceau

Le sein nourrissant

Et le battement d’un cœur

Pour vibrer avec lui

Le Vivant vient au monde

Encore et toujours

Et il demande à la ronde :

« Qui de moi prendra soin ? »

Pa'am

Un pas dans le désert

Pa'am... Pa'am...

Une étoile dans le ciel

Un grain de sable dans la dune

Pa'am... Pa'am...

Un pas dans l'éternité

Trois mages marchent

Et un chameau dérouté

Pa'am... Pa'am...

Un sable noir dans le vent

Trois rois blancs droit suivant

Une étoile

Pa'am... Pa'am...

Le chameau se demandant

Où vont donc ces rois fous

Entourés de néant ?

Pa'am... Pa'am...

Suivre une étoile

Le désir d'un enfant

Qui voit le monde depuis son nuage

Pa'am... Pa'am...

Les nébuleuses des sables

Volent et flottent sous chaque pas du chameau

Des milliers d'étoiles au ciel

Pa'am... Pa'am...

Pourquoi suivre cette étoile-là ?

Pourquoi pas celle-ci ou celle-là ?

Pourquoi spécifiquement cette étincelle ?

Pa'am... Pa'am...

Trois hommes inconscients

Des dangers du voyage

De la profondeur du temps

Pa'am... Pa'am...

Partis aujourd'hui

Pour arriver quand :

Dans trois jours, trois mois, cent ans ?

Pa'am... Pa'am...

Le chameau se demande

Pourquoi ? Quand ? Où ?

Comment ?

Pa'am... Pa'am...

La vie en abondance

Étreindre le temps,

Bercer chaque seconde,

Caresser l’instant,

Que la douceur inonde.

S’en délecter.

Dévorer les heures,

D’un appétit farouche,

Se gaver de bonheur,

En avoir plein la bouche.

Vivre à en étouffer.

Promenade quotidienne

J'avance

La route file sur un tracé connu

Et j'avance

Collines généreuses

Forêts scintillantes et profondes

Champs éventrés, au repos

Dans vos courbes

Je m'égare

Vos étendues accueillantes

Effleurent mon regard

Vos silhouettes

Hantent mon passage

Mais j'avance

Une poussière d'eau survole mes paysages

La lumière s'y accroche

Aujourd'hui

L'horizon épouse le brouillard

J'y blottis mes élans

Mes sentiments

Dans les voiles

Abandonnés au large

Souffle

La main se couchera

Près de la connaissance.

Le discernement de la Présence

Sera nourri ensemble

Avec le chevreau.

L’esprit d’un rameau

Et un petit garçon

Les conduiront.

Le cobra est esprit

De la montagne.

Le léopard s’amusera

Avec la vipère.

Le nourrisson ne se fera pas

Loup.

Il sortira de la souche.

Ses racines sont lionceau

Et conseil.

Des mots d’Esaïe 11, rassemblés à la volée

Lumière

Si le ciel s’était penché trop bas ?

Entaché du terrestre fatras ?

Non. Le ciel a fait l’amour à la terre.

Seigneur, mon Dieu, c’est en Toi que j’espère.

Si l’humain ne devenait meilleur ?

Encoublé dans sa crasse et ses peurs ?

Non. L’humain est amoureux de la Vie.

Seigneur, mon Dieu, c’est pour ça que je prie.

Si le vent soufflait beaucoup trop fort ?

Epineuse traversée conduisant à la mort ?

Non. L’esprit à l’amour toujours se plaît,

Seigneur, mon Dieu, avec Toi je me sais.

Seigneur, mon Dieu, à l’heure de toutes les lumières

Ne laisse pas tomber l’âme à ce qui désespère

Par Ton Noël sempiternelle volupté

Illumine et relève tout de Ta clarté !

Amen